Par: Dawn Berkelaar
Publié: 14/04/2020


Vous êtes-vous déjà interrogé sur l'impact à long terme d'un projet auquel vous avez pris part? Ne serait-il pas agréable de savoir si les changements, après la fin d'un programme officiel, ont duré dans la communauté? Souhaitez-vous savoir ce qui a marché et ce qui n'a pas marché, afin de pouvoir vous adapter à un programme plus efficace la prochaine fois?

En 1998, World Renew et ses organisations partenaires ont introduit l'amarante à grains dans deux villages d'une région semi-aride du Kenya. Au fil du temps, le programme s'est étendu à plus de régions du Kenya et en Ouganda. Le programme comprenait à la fois une formation en agriculture et une formation en nutritionnelle.

Le programme d'amarante-grain a pris fin en 2008. Cinq ans plus tard, World Renew a mené une évaluation post-programme, dirigée par les docteurs Tom Post et Dorothy Nakimbugwe. Dans cet article, nous faisons un résumé de cette évaluation parce que les leçons apprises pourraient être utiles pour ceux qui comptent commencer un projet d'agriculture ou de nutrition, (lequel) ayant l'amarante-grain comme point de mire ou non.

Le but de l'évaluation de 2014 était de déterminer le niveau d'adoption de l'amarante-grain et de comprendre les défis liés à son adoption. Qu'est-ce qui a marché ? Qu'est-ce qui n'a pas marché? L'évaluation visait également à «documenter le processus de changement dans les communautés en zones rurales».

World Renew a utilisé plusieurs méthodes d'évaluation:

  • Ils ont interviewé le personnel des institutions partenaires.
  • 480 agriculteurs de sept sites ont rempli des questionnaires.
  • Le personnel de World Renew a également dirigé des discussions en groupes dans six communautés. 

Les résultats clé 

L'évaluation a abouti à des conclusions principales. Le plus gros point à retenir: l'utilisation de l'amarante est bien développée et continue de se propager d'agriculteur à agriculteur. En Afrique de l'Est l'amarante-grain est un aliment culturellement approprié. Selon le rapport, «… La farine d'amarante se mélange facilement avec le maïs, le mil, le blé et les farines de manioc pour [faire] des aliments traditionnels améliorés, tels que la bouillie, le mandaazi, les chapati, etc. - et répond aux préférences gustatives des cultures d'Afrique de l'Est.» L'amarante-grain fournit une gamme de nutriments essentiels, y compris des protéines bien équilibrées riches en acides aminés lysine. (Les feuilles d'amarante à grains sont également comestibles; elles sont disponibles en début de la période de croissance - c'est-à-dire pendant la période où la faim domine - et sont riches en vitamine A.) Une formation spéciale sur la nutrition a vraiment porté ses fruits; les agriculteurs ont classé l'amarante comme «une culture très importante pour leur bien-être», en termes de santé et de revenus (bien que ces derniers dépendent d’un bon emplacement, car la commercialisation pourrait être difficile). Les graines d'amarante sont particulièrement bénéfiques pour les enfants, les mères et les personnes vivant avec le VIH / sida. De nombreux agriculteurs mangent de l'amarante à grains dans le cadre d'une bouillie de petit-déjeuner composée d'une partie de farine d'amarante pour trois parties de farine de maïs ou de petit mil.

L'évaluation a également révélé des informations sur les conditions de croissance. Les plants d'amarante fleurissent bien et produisent des graines en espace de 75 jours (environ 15 jours plus tôt que même le mais à variété hâtive disponible), pendant la période où la longueur des journées est constante près de l'équateur. L'amarante convient à une gamme de conditions climatiques, de semi-aride à sub-humide. Elle est particulièrement utile pour les régions semi-arides d’Afrique de l’Est (en particulier lorsque les pluies deviennent plus imprévisibles), en raison de sa résistance à la sécheresse et de sa maturation rapide. Cependant, l'amarante exige une fertilité raisonnable du sol avec des quantités adéquates d'azote et de phosphore. Dans de nombreuses régions d'Afrique de l'Est, où la fertilité du sol est «fragile», la culture de l'amarante à grains pourrait encore nuire au sol à moins que des techniques telles que la rotation des cultures et la culture de couverture ne soient utilisées pour rétablir la fertilité. Le programme initial ne prévoyait pas de formation à ces techniques, mais l'évaluation post-programme a recommandé qu'elles soient prévues dans de tels programmes à l'avenir.

Peu d'agriculteurs kenyans cultivent de l'amarante à grande échelle. Selon une enquête, plus de la moitié des agriculteurs cultivent 0,1 hectare (¼ d'acre) ou moins d'amarante et récoltent jusqu'à 30 kg de céréales par saison de croissance. Ils utilisent l'amarante comme source importante de nutrition, mais pas comme principale source de glucides. Pourtant, la quantité cultivée est généralement suffisante pour fournir 40 g de farine par adulte et par jour (ou, pour un enfant, 20 g de farine par jour). [Dr. Benito Manrique Lara, ancien directeur de Nutrisol au Mexique, a recommandé ces montants. Le Dr Post a partagé qu'il avait récemment vu des recommandations pour des quantités quotidiennes plus élevées, mais que «les quantités minimales de 40 g et 20 g se sont révélées être un point de départ utile [pour améliorer la nutrition] dans l'expérience de l'Afrique de l'Est de World Renew.»]

L'évaluation a révélé quelques défis. Par exemple, la dégénérescence des semences (à partir de croisements de plantes d'amarante à grains avec d'autres types) peut être un problème. Les agriculteurs sont encouragés à acheter de bonnes semences dans la mesure du possible. Lorsque les semences ne sont pas disponibles à l'achat, les agriculteurs devraient procéder eux-mêmes à la sélection des semences, en retirant les plantes à graines noires des zones de production de semences ou en enlevant la tête des plantes à graines noires avant la floraison pour réduire la pollinisation croisée. [Stacy Swartz a commenté que ces plantes à graines noires «sont de l'amarante végétale, qui est une légume feuille régulièrement consommée (appelé localement mchicha) qu’on fait cuire avant de manger et qui est un élément important de la nutrition des ménages.»] À la fin de la saison, les agriculteurs devraient identifier les meilleures plantes et conserver ces têtes, une fois complètement mûres, pour les semences.

Un autre défi était que de nombreux agriculteurs aimeraient vendre l'amarante à grains comme culture de rente, mais la commercialisation a été difficile. Lorsque j’ai interrogé le Dr Post à ce sujet, il a déclaré que, dans deux régions de l’Afrique de l’Est, les organisations partenaires de World Renew «ont assumé le rôle de cueillir le produit auprès des agriculteurs, de le transformer et de le commercialiser». Il a ajouté que: "Bien que ce ne soit pas un rôle habituel pour les organisations à but non lucratif, il semble qu'à ce stade, il s'agit d'une étape intermédiaire nécessaire vers l'intégration de l'amarante [grain] sur le marché."

Recommandations clés

Cette évaluation a conduit à formuler plusieurs recommandations clés faites à World Renew, à savoir:

  • Faire l’expérience de la promotion de l'amarante comme complément nutritionnel pour «les mères et les enfants dans les 1000 premiers jours de la vie».
  • Enseigner des méthodes pour promouvoir la fertilité des sols, soit en même temps que la promotion de l'amarante, soit avant de l'introduire.
  • Former les gens à la sélection des semences et leur donner des semences de qualité du Kenya.
  • Introduire d'abord l'amarante à grains comme «complément nutritionnel pour consommation à domicile» et éviter faire des promesses d’un marché pour les cultures de rente.
  • Les évaluateurs ont également suggéré la nécessité faire de recherches pour déterminer les effets de la consommation d'amarante sur le système immunitaire. Une petite quantité d'amarante à grains consommée quotidiennement dans la bouillie comme petit-déjeuner a un impact disproportionné selon les cas de malnutrition. Les personnes atteintes du SIDA qui consomment de l'amarante connaissent une augmentation significative du taux de CD-4 dans leur sang. (Le taux de CD-4 donne une indication de la force du système immunitaire d'une personne; un taux plus élevé est préférable.) Il serait intéressant de comprendre combien la consommation de l'amarante est bénéfique pour la santé.

L’amarante, qu’elle soit oui ou non une plante poussant bien dans votre région, notre espoir est que les résultats de l’évaluation de World Renew vous fournissent plus d’informations qui vous aideront dans vos efforts de réponse aux besoins de votre communauté locale. La lecture des conclusions (résultats) des programmes d’autres structures pourrait vous aider sans doute à formuler ou poser de meilleures questions et à prendre d’autres aspects en considération lors votre phase planification.

Référence

Post, T. et D. Nakimbugwe. 2014. Ex-Post Evaluation of the Introduction and Promotion of Grain Amaranth Program in Eastern Africa (1998-2008)  [Évaluation ex post du programme d'introduction et de promotion de l’amarante à grain en Afrique de l'Est (1998-2008)]. World Renew. 69p.

Citer comme suit:

Berkelaar, D. 2020. Apprendre d'un examen post-programme. Notes de développement de ECHO no 147