Par: Michael Martin et Brian Moser
Publié: 01/04/2025


Mike Martin

C’est l’un de mes techniciens, Alfred Motila, qui a eu cette idée. Nous sommes de fervents partisans des haies vivantes de vétiver plantées sur les courbes de niveau pour lutter contre l’érosion. Mais certaines terres sont trop dégradées pour que le vétiver puisse y bien croître

Mes techniciens ont observé que l’herbe à éléphant (Pennisetum purpureum) peut mieux croître que le vétiver (Chrysopogon zizanioides) dans les sols très pauvres. L’herbe à éléphant est très compétitive et peut réduire les rendements des cultures dans les basses terres, mais pas tellement en altitude. Alfred voulait aussi de l’herbe à éléphant ici parce qu’elle produit du fourrage pour ses vaches.

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Figure 7. Fossé de fertilité sur la ferme d’Alfred, avec l’herbe à éléphant sur la pente descendante de la courbe de niveau et des bananiers dans le fossé. Source: Mike Martin

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Figure 8. Lablab planté avec l’herbe à éléphant. Source: Mike Martin

Il a décidé d’essayer les fossés à compost (Figure 7) après avoir participé à un atelier d’agroforesterie syntropique. Il a appris à gérer diverses plantations en lignes. Il a vu que la terre était très dégradée et a pensé que le fait de creuser des fossés et d’y mettre de la matière organique l’aiderait à restaurer le sol plus rapidement. Il a planté des plantes comme le bananier (Musa spp.) et le lablab (Lablab purpureus ; Figure 8) pour produire de la biomasse. Son objectif était que le sol enrichi de la rangée produise suffisamment de biomasse pour enrichir le reste de la terre. 

Maintenant que les fossés ont été remplis, il envisage de planter du vétiver sous les fossés pour retenir le sol. Il éliminera l’herbe à éléphant lorsqu’il plantera le vétiver.

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Figure 9. Terrain d’Alfred avec des fossés plantés en courbe de niveau. Source: Mike Martin

En réfléchissant à cette technique, Alfred ne regrette pas de l’avoir utilisée, car elle a permis de restaurer rapidement son sol (figure 9). Mais en raison du coût du creusement des fossés et du temps qu’il a dû y consacrer, ce n’est pas quelque chose qu’il refera. Il est toujours bon, après avoir essayé quelque chose de nouveau comme celui-ci, de peser les avantages et les inconvénients observés pour envisager les prochaines étapes.

 

Brian Moser

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Figure 10. Creusage d’un fossé. Source: Brian Moser

Tout d’abord, nous creusons un fossé de 0,9 m de large et de près de 0,9 m de profondeur, en choisissant un endroit où il n’y a pas d’eau toute l’année (figure 10). Nous construisons les fossés par sections, chaque section étant au même niveau qu’un barrage se trouvant déjà entre les sections.

Ensuite, nous plantons des bananiers de chaque côté du fossé, triangulées aussi près que possible car ils n’ont pas de grands systèmes racinaires.

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Figure 11. Fossé comblé de matière organique. Source: Brian Moser

Ensuite, nous déposons les matériaux suivants dans le fossé (figure 11) :

  • Matières brunes: une source de carbone élevée comme la paille de riz ou de l’herbe utilisée localement pour confectionner des balais. 
  • Matières vertes : Matières vertes herbacées. Nous utilisons principalement des feuilles d’arbres et des tiges de bananiers.
  • Une source d’azote. Nous utilisons du fumier de vache.
  • Si disponible : du phosphore (superphosphate triple) et du potassium, car les bananiers sont de gros consommateurs de ces nutriments.

Répétez ces matériaux jusqu’à ce que vous ayez 3 ou 4 couches de chacun et que le fossé soit plein. Nous le gardons bien arrosé et le laissons reposer pendant au moins 8 mois (l’ idéal serait d’atteindre un an). L’objectif est d’obtenir un compost riche en champignons.

Observations

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Figure 12. Coupe transversale de compost terminé. Source: Brian Moser

Nous avons observé des hyphes fongiques lors de l’utilisation de ce compost (Figure 12). Nous voyons des champignons dans nos plates-bandes de légumes où nous avons utilisé le compost.

Lorsque nous avons commencé à utiliser le compost dans les lignes de bananiers, nous avons constaté une augmentation de deux à trois fois de la production de bananes (régimes/mains de bananes plus gros/grosses et saison plus longue). Nous avons utilisé le compost généré par ce système dans nos lits de production annuelle avec une couche de 5 à 10 cm de compost non tamisé dessus. Nous avons remarqué que lorsque nous avons moins de 5 cm de compost, nous perdons en productivité. Nous avons fait un lit au début de 2024 et l’avons planté de piments, de tomates, de haricots rouges, de gombos et de maïs. Nous avons été agréablement surpris par les rendements et la santé des plantes. En novembre 2024, nous avons mené un essai d’observation avec les 5 traitements suivants, chacun étant appliqué à un lit de production annuelle :

  1. Compost appliqué à la surface du sol
  2. Compost mélangé au sol
  3. Fumier de vache, vieilli mais non composté
  4. Engrais chimiques (trois applications à un taux local et standard)
  5. Lit ayant reçu du compost l’année précédente

Dans la figure 13, le traitement 1 est à gauche et le traitement 5 est à droite. Nous avons remarqué très peu de différence entre les deux, même si les cultures du traitement chimique ont reçu trois applications d’engrais. 

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Figure 13. Essai d’observation sur le terrain avec du compost, du fumier de vache et des traitements d’engrais chimiques. Source: Brian Moser

L’un des inconvénients de ce système est qu’il nécessite beaucoup de matière organique en une seule fois. D’un autre côté, les avantages durent au moins trois ans avec un minimum de travail 3 pour entretenir le système. De plus, nous n’avons pas eu de problèmes de maladies ou d’insectes et nous avons utilisé beaucoup moins d’eau dans les lits de production annuelle où nous avons utilisé le compost des fossés ayant utilisé des tiges de bananiers.

3 Créez le compost à proximité de l’endroit où vous souhaitez amender le sol, surtout si vous prévoyez d’en déplacer une partie vers un autre espace de production. Brian a indiqué que leurs fossés à bananiers se trouvent à environ 61 m (200 pieds) de leurs plates-bandes de production annuelle.

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