La baisse, voire la perte de fertilité des sols, est le défi majeur que rencontre de plus en plus d’agriculteurs de par le monde en général et particulièrement ceux d’Afrique subsaharienne. De nombreuses causes essentiellement anthropiques sont à l’origine de cette situation. En dépit des solutions consistant en un usage massif de fertilisants chimiques à travers des programmes de subvention des prix, plusieurs agriculteurs témoignent que leurs rendements agricoles sont en continuelle baisse malgré une augmentation constante des quantités d’engrais dans leurs champs.
Il y a cependant un moyen simple, naturel et efficace de rendre à la terre sa fertilité. Il s’agit du compostage qui est une alternative exceptionnelle aux engrais chimiques et qui permet d’augmenter le niveau de nutriments organiques de la terre tout en aidant à restaurer les équilibres biotiques naturels du sol.
Parmi la multiplicité des méthodes de compostage, nous vous présenterons celle du compost thermique aérobie en tas. Cette technique ancienne consiste en une forme de fermentation dirigée par l’homme qui lui permet de gérer les cycles de la matière organique. En promouvant cette technique de compostage, le centre régional d’impact de ECHO pour l’Afrique de l’Ouest a voulu considérer deux aspects qui la caractérisent: la précocité et la simplicité (l’accessibilité). Du point de vue de la précocité, la technique de compostage promue permet de disposer en 21 jours d’un compost parfaitement mûr et immédiatement utilisable. Sur le plan de la simplicité, tous les éléments nécessaires à la fabrication du compost sont disponibles et accessibles dans n’importe quel milieu paysan et ne nécessitent aucune dépense d’acquisition.
Technique de fabrication
1. Composants
Désignation |
Pourcentage |
Matière verte (feuilles vertes provenant de n’importe quel arbre ou herbe, ou toutes feuilles vertes séchées c’est à dire coupées vertes et séchées et conservées à l’ombre |
45% |
Matière sèche : tiges de céréales, de chaume, feuilles sèches et mortes, paille, etc. |
40% |
Matière sèche d’origine ligneuse : branches sèches (de faible diamètre ≤ 3 cm), tiges sèches de cotonnier, épis de maïs secs, coques d’arachides, copeaux de bois, restes de carton, écorces sèches d’arbres, etc. |
5% |
Fumier provenant de n’importe quelle espèce animale |
10% |
Eau |
800 L environ |
N.B. : En l’absence de fumier, celui-ci peut être remplacé par des légumineuses (feuilles d’arachides, de niébé, de voandzou, de leucaenaleucocephala, gliricidiasépium, albizialebeck, etc.). La proportion requise équivaut alors à 20% du volume du tas.
2. Préparation
Pour une quantité de compost suffisante pour un demi-hectare, il faut disposer et aménager un espace de 2 m x 2 m x 2 m soit un tas d’un volume de 8 m3. Toutefois, il est recommandé de doubler la surface au sol en prévision du retournement du tas. Le lieu de fabrication du compost doit être ombragé et à l’abri des rayons solaires ; il doit être si possible proche d’un point d’eau (mare, étang, flaque, puit, forage, etc.).
Après avoir préalablement réuni les différents composants, le travail proprement dit consistera à alterner des couches de 20 cm d’épaisseur chacune de matière sèche, de matière verte, de ligneux sec et de fumier. Cette séquence se répétant jusqu’à épuisement de la totalité des composants. Chacune des couches doit être préalablement trempée dans l’eau avant d’être empilée à l’exception du fumier dont chaque couche sera répandue directement ; de même avant toute nouvelle couche, la précédente doit être abondamment arrosée. La particularité de ce compost est qu’il ne doit subir aucune pression ou tassement, ni être recouvert par une quelconque bâche ou assimilée.
Une fois la compilation terminée le tas est retourné tous les 3 jours à sept reprises de sorte qu’au 21éme jour il soit prêt. Entre temps, il est nécessaire de contrôler la température (doit être comprise entre 550C et 680C) et l’humidité du tas afin d’éviter de tuer certains microorganismes bénéfiques et de perdre par excès de combustion le carbone. Le contrôle de température s’exerce en plaçant une baguette métallique au centre du tas pendant 5 à 10 mn et à essayer de la tenir dans la main 5 secondes après retrait. S’il est difficile de tenir la baguette, cela veut dire que la température est au-delà de 700C et le tas doit être retourné et arrosé. Pour ce qui est du contrôle de l’humidité il consiste à presser du compost avec la main, si de l’eau s’écoule entre les doigts de la main c’est signe d’une grande humidité, si la boule reste ferme sans écoulement d’eau après ouverture de la main cela veut dire que l’humidité est bonne, enfin si après ouverture de la main la boule se disloque le compost est alors trop sec et demande de l’arrosage. Il faut aussi s’assurer lors de chaque retournement, que les parties externes du tas soient mises au centre et que le centre du tas (qui est chaud) soit à l’extérieur de sorte que toutes les parties du tas subissent la même température à un moment donné du cycle.
L’arrosage lors des retournements ne nécessite pas beaucoup d’eau entre 20 à 30 litres et se fait une fois le tas entièrement retourné. Après le 21éme jour le compost est de bonne odeur et peut être tamisé et débarrassé de ses éléments grossiers non décomposés. Il peut alors se conserver plusieurs années.
Ce compost est réalisable à n’importe quelle période de l’année sous réserve de le protéger des grandes eaux de pluie par un toit. Pour une meilleure optimisation des effets du compost, à l’utilisation il faut préférer la méthode des stations de fertilité à celle de l’épandage direct dans le champ.
Par ses nombreux effets aussi bien sur la structure du sol (augmentation des agrégats qui facilite une bonne pénétration des racines, meilleure perméabilité à l’eau et à l’air, conservation plus longue de l’humidité grâce à une meilleure rétention d’eau) que sur ses caractéristiques physico-chimiques (minéralisation du compost qui fournit des substances assimilables par les plantes, prévention ou correction de l’acidité du sol par l’effet tampon) et la biologie du sol (augmentation de l’activité biologique du sol grâce aux micro-organismes), le compost offre aux agriculteurs les meilleures perspectives de restauration de la fertilité des sols et mérite à ce titre d’être promu et vulgarisé à la hauteur de ses nombreux avantages et qualité