Les légumes feuilles vertes pérennes, telles que le moringa et le chaya, ont été largement décrites dans EDN. Ici, nous nous focalisons sur le fruit orange-à-rouge vif (Figure 7) d'une plante rampante tropicale appelée gac (Momordica cochinchinensis). Appartenant à la famille des Cucurbitaceae, d'autres noms pour le gac sont la courge de cochin, le concombre amer et la courge douce. Le fruit du gac a une saveur douce. Comme le moringa, il peut être consommé de diverses façons; Il peut être consommé frais, cuit ou en poudre. Incorporé dans les aliments traditionnels, le gac ajoute à la fois de la couleur et de la nutrition.
Les fruits du gac sont surtout connus pour leur forte concentration en caroténoïdes, des produits chimiques naturels qui protègent contre les dommages cellulaires et sont la source de colorants jaunes, oranges ou rouges dans les fruits et légumes. En terme de poids, le bêta-carotène est plus concentré dans le fruit du gac que dans les carottes. De même, le fruit du gac a une concentration de lycopène plus élevée que celle de la tomate. Beaucoup plus de détails sur ces propriétés et d'autres propriétés du gac améliorant la santé sont disponibles dans la littérature (Chuyen et al. 2015, Minh 2014).
Où pousse-t-il?
En Asie du Sud et du Sud-Est, d’où le gac est originaire, on voit souvent ses longues vignes pérennes (jusqu'à 6 m) grimpant sur des clôtures ou dans des arbres. Le gac pousse naturellement aux abords des forêts ou des rivières à une altitude de 400 à 1 100 m (Ecocrop 1993). Il préfère le plein soleil et un sol bien drainé avec une bonne circulation d'air et un pH proche de neutre (7,0). Le gac est mieux adapté aux conditions chaudes et humides (20-30 ° C avec une pluviométrie annuelle de 1.500 à 2.500 mm). Cependant, il peut également être cultivé dans des zones à saisons sèches ou froides; Dans ces situations, les vignes meurent jusqu'à la reprise des conditions favorables, et alors une nouvelle croissance se fait à partir des racines tuberculeuses.
Une saison de croissance d'environ huit mois est nécessaire pour obtenir des fruits. Les fruits sont difficiles à transporter parce qu’ils deviennent mous lorsqu'ils sont mûrs. Le gac est bien adapté pour le jardin domestique.
À quoi ressemble-t-il?
Les vignes ont des feuilles larges (10-15 cm de large), vert foncé avec trois à cinq lobes (Herklots 1972, figure 8). Le gac est dioïque, ce qui signifie que certaines plantes auront des fleurs femelles et d'autres auront des fleurs mâles (figure 9). Les fruits sont ronds ou ovés (en forme d'œuf), 10 à 15 cm de long et 10 cm de large, et recouverts d'épines courtes (figure 7). Les fruits verts, non mûrs deviennent oranges ou rouges vifs lorsqu'ils sont mûrs. Juste sous la peau épineuse il y a une couche de 1-2 cm d'épaisseur de la chair jaune à orange appelée mésocarpe. Sous cette couche, la partie intérieure du fruit est remplie de nombreux pépins / membranes rouges et huileuses appelés arilles (Figure 10). Chaque arille renferme une graine presque plate, de couleur marron à noir d'environ 2 cm de largeur (figure 11).
Quelles parties de la plante sont consommées?
Les arilles dans les fruits mûrs peuvent être consommés frais ou cuits. Par exemple, au Vietnam, les arilles du gac sont cuits avec du riz pour faire un plat traditionnel appelé xôi gac.
Bien que les fruits ne soient disponibles que pour un court laps de temps chaque année, les avantages nutritionnels des arilles peuvent être conservés en les séchant et en les réduisant en poudre (voir une thèse complète de cette expérience par Tran 2007), ou en extrayant l'huile avec une presse à vis Vuong et King 2003). Il faut environ 100 kg de fruits frais pour obtenir 1 litre d'huile de gac.
Les fruits non mûrs/ verts et les jeunes feuilles sont bouillis et utilisés dans les caris. La peau épineuse externe, la pulpe (mésocarpe) et les graines ne sont pas consommées, bien que la pulpe et la peau puissent être utilisées comme engrais ou pour nourrir des bovins (Chuyen et al. 2015).
Comment cultiver gac?
Multiplication et culture
Le gac peut être multiplié par les semences, les boutures de ses vignes ou les tubercules des racines. Les graines du gac germent généralement entre une et quatre semaines. Cependant, quarante pour cent ou plus de plantes cultivées par les graines peuvent être des mâles, comme l'indique l'absence d'une structure gonflée [ovaires / fruits non mûrs] à la base des fleurs (Wimalasiri 2015, voir figure 9). En utilisant des tubercules ou des boutures, un agriculteur peut contrôler le nombre et la proportion de plantes mâles et femelles. Pour une pollinisation maximale par les insectes, songez à établir environ 1 plante mâle pour 10 plantes femelles. Des boutures de vigne de 15 à 20 cm de long et de 3 à 6 mm de large peuvent être enracinés dans l'eau ou dans un terreau de rempotage humide et bien aéré avant de repiquer à un emplacement final (Parks et al. 2013).
Étant donné que le gac est un grimpeur vigoureux, capable de couvrir des arbres entiers si on le lui permet, donnez aux vignes un espace adéquat (par exemple, 1,5 m dans et entre les rangées) et songez à les élaguer. Soutenez les vignes avec un treillis ou treillage, de 2 à 2,5 m de hauteur, pour minimiser la détérioration des fruits mous et mûrs. Lorsque la tige principale atteint le sommet du treillis, on peut couper son extrémité en croissance; alors les tiges latérales peuvent être sélectionnées et dressées à souhait.
La pollinisation à la main n'est pas difficile et peut être nécessaire si la pollinisation par les insectes n'est pas suffisante.
Le gac répond bien aux intrants de fertilisation. Pensez à utiliser des taux similaires à ceux du melon amer (Momordica charantia, comme décrit par Palada and Chang [2003]).
Il y a peu d’informations disponibles sur les ravageurs et les maladies du gac. Les rats et les oiseaux peuvent endommager les fruits. Le melon amer, un parent du gac, est sensible à la tache foliaire (causée par le Pseudoperonospora cubensis), le flétrissement bactérien (causé par le Pseudomonas solanacearum), la mouche du melon (le Dacus cucurbitae) et les nématodes (le Meloidogyne incognita) (Nguyen et Widodo 1999).
Récolte
Le gac fleurira habituellement 2 à 3 mois après le semis ou la plantation des tubercules. Les fruits sont prêts à être récoltés environ 5 mois après la floraison. Certaines plantes peuvent ne pas produire des fruits avant la deuxième année suivant la plantation. Une vigne produit des fruits une fois par an, sur une saison de 2 à 3 mois qui dépend de la région (en Asie du Sud-Est, la saison tombe entre septembre et février). Attendez-vous à récolter 30 à 60 fruits par plante, chaque fruit pesant de 1 à 3 kg.
Conservation des semences
Pour conserver les graines en vue de les semer, recueillez-les à partir de fruits entièrement mûrs, de couleur orange foncé ou rouge. Les graines sont plus facilement séparées des arilles après les avoir trempées dans de l'eau pendant la nuit ou dans une solution d'eau de Javel et d'eau d’une proportion de 1:10 pendant quelques minutes seulement. (Dans ce dernier cas, la couche de graine épaisse protégera les graines contre tout dommage causé par l'eau de Javel). Les graines doivent ensuite être séchées à l'air sur un comptoir et stockées au frais et au sec.
Observations finales
Les arômes du fruit du gac sont une excellente source de vitamines et d'antioxydants importants. Bien que le gac ait une courte saison de fructification et que les fruits mûrs se détériorent rapidement, ces limites sont contrebalancées par les multiples façons dont elles peuvent être consommées et utilisées. Ce résumé décrit principalement le fruit, mais plusieurs des références ci-dessous mentionnent des utilisations et / ou des vertus médicinales des feuilles et des graines. Si vous vivez dans une région où le gac est cultivé, vous pourriez en apprendre davantage auprès des agriculteurs et des jardiniers qui le cultivent. Ceux qui sont enregistrés auprès de ECHOcommunity (consultez www.ECHOcommunity.org pour avoir des informations) et qui travaillent activement avec des agriculteurs à l'étranger peuvent demander un paquet d'essai de graines de gac de notre Banque Mondiale de Semences. Si vous avez de l'expérience dans la culture de cette plante unique, partagez vos idées sur la gestion de la vigne (pour contrôler la taille de la plante et maximiser la production de fruits) et sur la préparation des fruits (recettes préférées ou suggestions pour produire de la poudre ou de l'huile à partir des arilles).
Références
Chuyen, H.V., M.H. Nguyen, P.D. Roach. J.B. Golding, and S.E. Parks. 2015. Gac fruit (Momordica cochinchinensis Spreng.): a rich source of bioactive compounds and its potential health benefits [Le fruit du gac (Momordica cochinchinensis Spreng.): Une riche source de composés bioactifs et ses avantages potentiels pour la santé]. International Journal of Food Science and Technology 50:567-577.
Ecocrop. 2017 (date d’accès). Momordica cochinchinensis. Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Rome, Italie.
Herklots, G.A.C. 1972. Vegetables in South-East Asia [Les legumes en Asie du Sud-Est]. George, Allen & Unwin, LTD. London.
Minh, N.P. 2014. Investigation the ratios of antioxidant supplementation into the mixture of GAC (Momordica cochinchinensis spreng) and carrier to get the highest total carotenoid content during drying [Enquête sur les proportions d’alimentation enrichie en antioxydante dans le mélange du GAC (Momordica cochinchinensis spreng) et son support pour obtenir la teneur totale en caroténoïde la plus élevée pendant le séchage]. International Journal of Multidisciplinary Research and Development 1:34-40.
Nguyen, H.H. and S.H. Widodo. 1999. Momordica L.[Internet] Record from Proseabase. de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. and Lemmens, R.H.M.J. (Editors). PROSEA (Plant Resources of South-East Asia [Ressources Végétales de l’Asie du Sud-Est]) Foundation, Bogor, Indonesia. http://www.proseanet.org. Consulté sur l’Internet le 27 février 2017.
Palada, M.C. and L.C. Chang. 2003. Suggested cultural practices for bitter gourd [Pratiques culturales suggérées pour la courge amère]. AVRDC International Cooperators’ Guide 03-547, pp. 1-5.
Parks, S., M. Nguyen, D. Gale, and C. Murray. 2013. Assessing the potential for a gac (cochinchin gourd) industry in Australia [Évaluation du potentiel d'une industrie de gac (cochinchin gourd) en Australie]. Rural Industries Research and Development Corporation.
Tran, T.H. 2007. Producing carotenoid-rich powder from Gac fruit. A thesis in fulfillment of the requirements for the degree of Master of Science [Production de poudre riche en caroténoïdes provenant des fruits du gac. Une thèse en vue de l’obtention du diplôme de Master en Science]. Center for Plant and Food Science, Université of Western Sydney.
Vuong, L.T. and J.C. King. 2003. A method of preserving and testing the acceptability of gac fruit oil, a good source of B-carotene and essential fatty acids [Une méthode pour préserver et tester l'acceptabilité de l'huile du fruit du gac, une bonne source de bêta-carotène et d'acides gras essentiels]. Food and Nutrition Bulletin 24:224-230.
Wimalasiri, D.C. 2015. Genetic diversity, nutritional and biological activity of Momordica cochinchinensis (Cucurbitaceae) [Diversité génétique, et activité nutritionnelle et biologique de Momordica cochinchinensis (Cucurbitaceae)]. Thesis for Doctor of Philosophy, Université RMIT.
Citer comme suit:
Motis, T. 2017. Gac: un fruit coloré et favorisant la santé. Notes de développement de ECHO no 135