Les vers peuvent être un ajout lucratif et bénéfique pour une exploitation agricole à petite échelle. À plusieurs reprises, nous avons mentionné la valeur du compost dans l’EDN. Nous faisons ici un rapport sur la production du compost à l’aide de vers. Le compost produit par des vers, appelé aussi lombricompost, peut être utilisé dans les jardins et sur les terres agricoles. Les vers peuvent servir de nourriture à forte teneur en protéines pour les poulets ou ils peuvent être donnés ou vendus à des tiers afin qu’ils puissent commencer eux-mêmes à faire le lombricompostage.
Ces deux processus distincts—le lombricompostage et la lombriculture, sont liées, mais légèrement différents. Le lombricompostage est l’utilisation de vers pour composter la matière organique. La lombriculture est la production de plus de vers pour divers usages (par exemple, l’alimentation de la volaille). Les déjections des vers (fumier de vers) sont un sous-produit précieux de la lombriculture. Elles retiennent l’humidité, contiennent des microbes bénéfiques, et présentent les plantes avec une forme utilisable d’azote.
Nous avons mentionné le lombricompostage dans l’EDN 54-4 ; l’information a été envoyée par Meg Laval de Costa Rica sur les expériences utilisant des vers pour composter des déchets organiques d’une boulangerie et du fumier d’une écurie. Au fil des ans, nous avons recueilli des informations sur le lombricompostage et la lombriculture d’autres endroits aussi. Ici, nous donnons d’abord un aperçu de quelques expériences qui ont été partagées avec nous par les membres de notre réseau. Vers la fin, nous donnons quelques informations générales sur le lombricompostage et la lombriculture.
Les vers rouges au Nicaragua
Mark Hare nous a envoyé des informations sur un projet à Rancho Ebenezer au Nicaragua qui utilise des vers rouges d’Afrique. Ils ont reçu un retour remarquable sur leur investissement !
Mark a écrit :
Sebastián Ampié et son équipe ont pris 400 g de vers et les ont répartis dans huit petits trous dans le sol 50 x 50 x 50 cm ; Fig 2.20).
Ils ont nourri les vers une fois par semaine avec un mélange de fumier de chèvre et de lapin, et de feuilles. Six mois après, ils ont récolté le fumier des vers dans les trous. Ils ont eu un peu plus de 900 kg de fumier de vers et ils ont recueilli et compté les vers—13.000 vers (toutes tailles confondues) pesant 9,63 kg. Nourrir et soigner les vers a pris 20 minutes par semaine (deux personnes, dont 10 minutes pour chaque personne). La récolte finale, y compris le comptage des vers, a pris un total de 28 heures de main-d’œuvre (Seba a estimé que la récolte du fumier et la mise à part des vers a pris environ 6 des 28 heures).
Le poids moyen du vers moyen était de 0,67 g. Ils ont commencé avec 0,4 kg et ont multiplié cela par 24,1. Rancho Ebenezer vend des vers à d’autres organisations (pour 300 $ C [17 $ US le kg] qui veulent produire de l’engrais organique et utiliser les méthodes de production écologiques. En termes d’investissement, les vers coûtent approximativement 120 $ C (environ 7 $ US) et [le bénéfice d’après-vente s’élevait à] 2889,00 $ C (173,00 $ US). De plus ils ont récolté le fumier produit par les vers, qui est en train d’être utilisé sur des légumes.
Danny Blank et Lance Edwards ont rendu visite à Rancho Ebenezer au printemps de 2004. Danny a écrit ce qui suit dans son rapport sur leur voyage :
La lombriculture était quelque chose que personne d’entre nous ne s’attendait à beaucoup voir au cours de ce voyage en Amérique centrale. Nous avons longtemps aimé l’idée d’utiliser des vers au lieu des méthodes de compostage nécessitant une main-d’œuvre importante, et ECHO a une petite démonstration de lombriculture, mais nous avons tous les deux été surpris de voir combien les vers étaient bien développés et intrinsèques aux systèmes agricoles démontrés à Rancho Ebenezer. Comme c’est un centre de santé des animaux et d’élevage, une quantité énorme de fumier de volaille, de chèvre, de porc, de bovin et de lapin est produite sur une base quotidienne. Rien n’est apparemment à jeter. Le personnel est très conscient du rôle vital du fumier dans le maintien et l’amélioration des sols et de la production agricole, en particulier avec les agriculteurs pauvres en capitaux. C’est la beauté et la vitalité des systèmes d’agriculture intégrés où il existe un recyclage cyclique des éléments nutritifs entre les plantes et les animaux. Les vers sont extrêmement utiles par leur capacité à lier ensemble les déchets des animaux et le retour en toute sécurité des précieuses substances nutritives à la terre. Le processus de décomposition naturelle des déchets d’origine animale est fortement accéléré avec une main-d’œuvre humaine réduite.
Plusieurs méthodes de lombriculture sont démontrées à Rancho Ebenezer. L’une fait partie du système MIDPA, qui peut être traduit comme la gestion intégrée et diversifiée du terrain. Ce petit système sur environ 0,25 acre, montre comment une famille peut élever des chèvres laitières, des lapins et des poulets sur de petites parcelles de terre à flanc de coteau, tout en y plantant des fruits et des légumes. Avec de doubles haies d’arbres légumineux comme le Gliricidia plantés le long des contours, des lapins et des chèvres non mises en pâturage sont soumis à un régime de feuilles d’arbres vivaces et d’arbustes. Leur fumier est recyclé à travers un système de lombriculture et les vers sont recueillis deux fois par semaine pour l’alimentation des poulets. Les déjections des vers sont récoltées deux fois par an pour fournir la matière organique et la fertilité pour la production de fruits et de légumes, complétant ainsi le cycle.
Les vers [que nous avons vus dans le cadre de ce système] ont été élevés dans une fosse, d’environ 2 pieds (0,6 m) de profondeur recouverte de feuilles pour garder le sol humide. On arrosait les fosses et on y ajoutait du fumier une fois par semaine. Des bananes ont été plantées en cercle autour de la fosse pour la garder ombragée.
Dans la principale zone de production de Rancho Ebenezer, il y avait à la fois des systèmes dans et au-dessus du sol. La majorité était des zones rectangulaires, d’environ 1,2 x 3,6 m au niveau du sol avec un mur de 25 ou 30 cm en béton (Figure 1). On avait utilisé une toiture en étain ou des bâches contre le soleil et pour préserver l’humidité. Le fumier a été placé frais dans ces unités, à l’exception du fumier de chèvre qui a été trempé dans l’eau pendant une journée (pour réduire sa dureté initiale) avant de l’ajouter aux vers. Pour récolter les déjections, du fumier frais a été placé le long des bords, puis 3 jours plus tard on a récolté la partie centrale. Les déjections étaient reversées dans les champs et les jardins, ou incorporés dans leur mélange
Au Nicaragua, Danny et Lance ont également visité la maison d’une femme qui vivait sur un petit lopin de terre avec son mari et ses enfants :de terre pour la pépinière. Deux types de vers ont été utilisés : les vers rouges de Californie (Eisenia foetida) et les vers d’Afrique (Eudrilus eugeniae, aussi appelés Fudrillus ssp) (Figure 2). [Ed : Selon Mark Hare, « les vers d’Afrique et Eisenia foetida sont assez faciles à distinguer car le ver d’Afrique est plus grand et a un éclat bleuté. » ]
Elle a récemment transformé une petite zone auparavant inutilisée en un jardin productif. La parcelle en pente raide, derrière leur maison, probablement de seulement 9 x 18 m, appartenait à son beau-père. Avec la permission de celui-ci, elle l’a habilement transformée en une petite entreprise lucrative produisant des papayes, des bananes et divers légumes de jardin. Ce qui a été un intérêt supplémentaire pour nous fut sa production de lombriculture. Elle avait produit plus de dix grands sacs de déjections de vers compostées et les vendait à profit. Son beau-père élevait du bétail et elle recueillait le fumier de l’étable où le bétail passait la nuit. Elle nourrissait les vers de fumier de vache, de peaux de banane et de mangue, et d’autres déchets de cuisine. Au début, son beau-père s’était moqué d’elle comme « jouant avec du fumier et des vers » , mais il a depuis pris un intérêt dans ses jardins et ses travaux de lombriculture. Le fumier était auparavant sans usage jusqu’à ce que cette femme découvre son rôle vital dans l’amélioration de la productivité de la terre et dans la génération de revenus. »
Une des découvertes les plus intéressantes de notre voyage en Amérique centrale était de voir la lombriculture à trois endroits différents au Nicaragua. Lorsque les agriculteurs sont pauvres, les vers rouges offrent une méthode peu coûteuse et d’économie de travail pour augmenter la fertilité et la santé du sol dans leurs jardins et leurs mélanges de sols de pépinière. Les vers rouges constituent également une source de nourriture riche en protéines pour les poulets.
Honduras
A la Conférence de ECHO de 2005 sur l’Agriculture, Oscar Lupiac a parlé de la lombriculture à Azacualpa au Honduras. Il a indiqué que douze sacs de 45.36 kg d’engrais ont été produits en 20 jours, et chacun d’entre eux vendus pour 5,00 $ US par sac. Les vers ont été vendus aussi (souvent comme une source de protéines très attrayante pour les oiseaux).
Lupiac a expliqué que la pulpe de café est une forme de déchets agricoles couramment utilisée comme nourriture pour les vers. L’utilisation des vers pour composter la pulpe de café contribue à atténuer un problème environnemental majeur : la pulpe de la cerise de café est souvent jetée dans le cours d’eau, qu’elle pollue tout en réduisant les niveaux d’oxygène dans l’eau. La plupart du fumier est également utile comme nourriture de ver, bien que le fumier de poulet ne soit pas recommandé pour le lombricompostage, car il est trop alcalin.
Lupiac a partagé d’autres idées, notamment un avertissement que la température doit être maintenue dans une gamme spécifique pour maintenir les vers en bonne santé. [Ed : La bonne gamme est entre 21 º C et 27 º C] Il a fait remarquer que l’huile végétale et le soufre ont été efficaces contre les fourmis, qui sont les ennemis naturels des vers. Il a également souligné que lorsque les vers sont élevés en grandes quantités, un récipient à parois cimenté peut être fait avec un canal au-dessus du ciment autour du périmètre. Le canal est rempli avec de l’eau afin de d’empêcher les fourmis d’entrer. [Ed : Mais attention, parce que cela pourrait fournir une zone de reproduction pour les moustiques. Peut-être qu’en ajoutant un peu d’huile au-dessus de l’eau, cela permettrait d’éviter cela.]
Lupiac a fait savoir qu’au Honduras la lombriculture se fait souvent dans les écoles. Les vers et le lombricompost sont vendus, et l’argent récolté est utilisé pour les fournitures scolaires et des activités spéciales comme les fêtes.
Inde
Il y a plusieurs années de cela, Padma nous a écrit de l’Inde sur le compostage avec des vers de terre :
Nous utilisons des vers de terre pour composter tous nos déchets organiques, et nous faisons aussi la promotion de leur utilisation pour le compostage des ordures de cuisine, etc., pour les groupes basés dans les villes. Il s’agit d’une technologie très simple et efficace [et qui élimine le travail de retourner le tas de compost] —les vers font ça eux-mêmes. C’est aussi, chose étrange, un procédé à froid ; aucune chaleur n’est générée comme dans la fabrication du compost ordinaire, et le processus dure les deux tiers du temps nécessaire pour faire du compost. Les vers de terre représentent au départ un investissement important, mais ils se multiplient rapidement et abondamment s’ils sont bien nourris et traités convenablement. De ce premier kg, nous avons maintenant vendu environ 50 kg de vers et nous en avons encore en grand nombre à la ferme. Nos poulets élevés en plein air en mangent aussi en grande quantité. Le compost est fin, pulvérulent à l’état sec, inodore et est censé contenir beaucoup de bactéries utiles du sol. C’est tout ce que nous utilisons pour nos légumes que nous cultivons pour notre propre consommation et pour le marché. En outre, les vers sécrètent du calcium dans leurs intestins pour convertir les matières premières plutôt acides en un lombricompost neutre.
Thaïlande
Lors de la première Conférence de ECHO en Asie du Sud-Est sur l’Agriculture à Chiang Mai en Juin 2007, le Dr Arnat Tancho de l’Université de Maejo et directeur du Maejo Earthworm Information Center [Centre Maejo de renseignement sur les vers de terre] (parrainé par le Royal Project et l’Office National pour le Développement de la Recherche et de la Technologie) a présenté un exposé sur des projets de lombriculture en Thaïlande. Sa recherche est centrée sur l’utilisation des vers de terre pour fabriquer de l’engrais organique. Il a ajouté qu’en se servant des vers de terre pour le contrôle des déchets organiques, 100% des besoins d’engrais pour l’agriculture organique de la Thaïlande peuvent être fournis à partir des déjections de vers. Les déchets de nourriture à grande échelle provenant des hôpitaux et des universités sont utilisés pour nourrir les vers, ce qui évite en même temps l’enfouissement de ces déchets organiques.
Dr. Arnat a fait savoir qu’en Thaïlande, les vers de terre de la Thaïlande adaptés localement produisent un engrais de plus grande valeur que les vers importés d’autres continents. Il a également souligné que les déjections de vers à partir de déchets humains se sont avéré exemptes de pathogènes à 96%, une découverte qui est prometteuse pour l’Asie du Sud en raison de l’impérieuse nécessité de l’évacuation sanitaire des déchets. Cela empêche les systèmes d’égouts exposés de contaminer la nappe phréatique et de servir de terrains fertiles aux maladies.
Certaines des informations de lombriculture liées à la Thaïlande dans cet article proviennent du manuel du Dr Arnat sur les vers de terre intitulé « Sai Duen Din » (en Thaï) ou « Earthworms » (en anglais), publié par l’Office nationale pour le développement de la recherche et de la technologie, 2è tirage 2007, Chiang Mai. Le site du Centre Maejo de renseignements sur les vers de terre est www.maejoearthworm.org/ (à noter que c’est en langue Thaï).
Rick Burnette, directeur du Centre d’impact régional de ECHO en Asie du Sud-Est, a également partagé quelques informations sur la lombriculture spécifiques à la Thaïlande. Des containers de carreaux de ciment et des lits de blocs de ciment sont souvent utilisés dans les systèmes de vers de terre à l’arrière-cour/au champ. La litière préférée (peut-être en rapport avec les besoins des espèces locales de vers de terre), est un mélange de six à huit parties de terre à une partie de fumier d’animaux bien composté. Il a également signalé que les fourmis de feu sont de très grands ravageurs.
Costa Rica—Perspectives de Meg LaVal
J’ai travaillé intensivement avec des vers pendant 6 mois et j’ai obtenu de bons résultats. Monteverde est à 1500 m d’altitude marquée par des saisons sèches (de décembre à mi-mai) et des saisons humides enregistrant environ 2500 mm de pluie par an.
Au Costa Rica, comme dans beaucoup d’endroits dans le monde, les gens considèrent les ordures comme un problème, au lieu de les voir comme une source de matière organique capable de reconstituer nos sols très appauvris. Nous avons obtenu nos vers rouges de Californie de Paul Vasquez, un voisin microbiologiste qui a déjà fait du lombricompostage sur une assez grande échelle, et qui aide à la formation du personnel à l’usine de transformation du café. Les vers sont également disponibles dans plusieurs stations expérimentales. Nous en avons aussi attiré un bon nombre de l’espèce sauvage locale. Cependant, depuis que les pluies ont commencé, ils ont migré vers l’extérieur, beaucoup plus rapidement que les vers rouges de Californie.
Le principal objectif de notre projet à Monteverde est de composter les déchets organiques de Stella’s Bakery [boulangerie de Stella (et restaurant)] et le fumier de Meg’s Stables [écuries de Meg]. La saison sèche est aussi le temps où le tourisme a de l’affluence, et donc de plus de déchets. Durant cette période, on mélange 50% de fumier et 50% de déchets organiques dans des lits de 1 x 3 m. Ces lits sont construits directement sur le sol, avec une bordure de bâches en plastique drapé sur du fil (20-30 cm de haut) pour maintenir la matière organique. Nous mélangeons et mouillons chaque lit quotidiennement pendant 6-10 jours (à ce moment les déchets ne doivent pas sentir mauvais, et ne doivent surtout pas être acides ou aigres). Après 6-8 jours, le lit est généralement prêt pour quelques vers de test. Nous parsemons quelques-uns (10-20) sur la surface. S’ils trouvent les déchets à leur goût, ils disparaissent rapidement. Un ou deux jours après, nous creusons pour les retrouver et voir s’ils ont l’air sain et actif ; si oui, nous ajoutons 3000 autres. [Ndlr : les auteurs donnent des conseils divers sur la durée de compostage des matières avant l’ajout des vers, et cette durée se situe entre une semaine et un mois. Le principe est que du compost chaud peut brûler les vers, donc assurez-vous que la matière est au niveau de chauffage initial.]
Pendant la saison sèche, nous mouillons ces lits deux fois par jour : le matin et autour de 14 heures. Nous les retournons également une à deux fois par semaine pour les aérer et les empêcher de devenir trop compactés. Lorsque la matière ressemble à de la boue (6 semaines ou plus), il est temps d’attirer les vers vers l’extérieur. Nous poussons toute la boue au centre du lit, et mettons du mélange de fumier de cheval vieilli/des ordures ménagères au niveau des extrémités. Cela attire les vers, que vous pouvez déplacer à un autre lit en les ramassant de la matière et autres, ou en les laissant là-bas pour retirer le compost fini et ajouter une nouvelle matière en lieu et place. S’il ya beaucoup d’œufs, vous devrez attendre jusqu’à ce qu’ils aient éclos (ils éclosent au bout de 3 semaines), et que les petits vers ont également migré. Pour contribuer à encourager le dernier des retardataires à quitter la boue, arrêter l’arrosage du milieu du lit. Si vous êtes particulièrement à court de vers, vous pouvez prendre avec la main le peu qui en reste de la boue quand vous la sortez du lit. Après que tous les œufs ont éclos et que nous avons capturé tous les vers, nous transportons le produit fini à notre jardin biologique. Plusieurs personnes ont offert d’acheter le compost fini, mais pour le moment nous n’avons pas eu plus que nous ne pouvons utiliser. Nous avons commencé avec 5 kg de mélange de vers, de boue et d’œuf, c’est sous cette forme qu’on les achète ici. Six mois plus tard, il a été estimé que nous avions 300 kg.
Plusieurs projets parallèles ont également poussé à partir du principal. Certains de mes amis ont exprimé leur intérêt dans une version de ménage. Pensant que tout le monde ne prendrait pas le soin de se courber pour s’occuper de ses vers, j’ai construit une boîte de 1m x 1m sur des pieds, avec des trous de drainage. J’ai mis des déchets de foin légèrement décomposés dedans comme litière, puis j’y ai ajouté environ 1000 vers. Quotidiennement, j’enfouis une large double poignée d’ordures autour de la bordure de la boîte. Le temps que je fasse le tour complet, ils ont mangé tous les premiers déchets et je peux reprendre à nouveau. Cela a un grand attrait pour les ménagères, car elles peuvent l’avoir juste en dehors de leur porte arrière. Plusieurs ont fait leurs propres boîtes afin de pouvoir s’y lancer, car elles apprécient vraiment le produit final pour leurs fleurs et jardins. Après votre article sur le jardinage dans des pneus sur les toits (EDN 52-3), je pense que vous pourriez élever des vers dans un pneu, les en faire sortir et planter dans ce pneu, puis mettre les vers dans un nouveau pneu.
J’ai également eu plusieurs chargements de camion de fumier/saletés/foin provenant de l’enclos des chevaux, donc j’ai fait plusieurs grands coffrets bordés de bois, (2 x 3 m) pour y mettre ces déchets. Les vers ont aussi aimé cela, même si nous n’étions pas capables de retourner les déchets, car ils étaient beaucoup plus profonds (50-60 cm). Nous commençons tout juste notre première saison des pluies avec des vers, et il est évident qu’ils auront besoin d’une sorte de toit. J’ai fait trois petits lits sous un toit en appentis, et jeté une vieille toiture en métal sur les lits en bois plus grands à l’extérieur. Je pense que nous allons abandonner les lits en plastique sur le sol jusqu’à ce que le temps soit plus sec. Un des inconvénients d’un environnement mouillé tout autour des lits quand ils sont à l’extérieur, c’est qu’un certain nombre des vers s’élancent d’eux-mêmes, et sans aucune couverture, je pense qu’ils se seraient effectivement noyés dans certaines de nos chutes de pluie abondante !
La Coopérative Santa Elena (Café Monteverde) utilise avec succès des vers pour composter les peaux et la pulpe abandonnés dans leur usine de transformation de café. Traditionnellement, celles-ci sont déversées dans les rivières, et constituent une source importante de contamination dans les pays producteurs de café. Récemment dans une émission, il a été indiqué que la moitié des usines de transformation du café au Costa Rica utilisent maintenant des vers. Dans notre coopérative, les producteurs de café sont encouragés à utiliser le compost produit pour le remettre sur les carrés de café. Nous venons de commencer à obtenir des résultats dès les premières plantations dans ce compost. Jusqu’ici, nous sommes très heureux. Les plantes qui ont reçu du compost sont plus vertes et plus vigoureuses même plus que les plants mis en terre dans notre jardin biologique auxquels nous avons ajouté de la matière organique chaque fois que nous avons planté (en fonction des cultures, 3-4 fois par an) au cours des 16 dernières années.
Bien que le projet soit à quelques mètres de Stella’s Bakery, il n’y a pas d’odeur désagréable. En fait, les clients qui errent à travers la haie et découvrent le projet sont généralement fascinés. Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu un excès de vers (sauf pour donner de petits plants aux voisins). Cependant, je crois que les poulets ou les poissons vont les adorer. Paul Vasquez parle de faire un séchoir solaire pour les sécher et les broyer en vue d’en faire l’alimentation des bovins et des porcs, et même de nourrir le tilapia avec le compost.
Les prédateurs qui ont causé des problèmes dans cette zone sont les vers plats (communément appelés « limaces » , ce qu’ils ne sont pas). Ces animaux s’enroulent autour des vers et les vident de leur contenu. Nous en avons seulement eu un de manière occasionnelle, mais une voisine en a eu en véritable fléau (peut-être parce qu’elle ne déversait que des résidus de cuisine et c’est devenu très acide et malodorant, et les vers étaient malades). Nous avons ajouté beaucoup de fumier et des déchets de foin et avons commencé à le retourner fréquemment, enlevant toutes les « limaces » que nous voyions, et cela a permis de maîtriser la situation.
Un livre très utile en espagnol est celui intitulé Manual de Lombricultura par Carlos Feruzzi (Ediciones Mundi-Prensa 28001, Madrid, 1986). Je pense qu’il existe aussi en anglais.
D’autres ressources comprennent :
Le livre, Worms Eat My Garbage (Les vers mangent mes déchets), par Mary Apelhof est souvent cité dans les articles sur la production de lit de vers de ménage. Il a été publié par Flowerfield Enterprises, 10332 Shaver Rd, Kalamazoo, MI 49024, USA ; . Téléphone (269) 327-0108. Il peut être acheté en ligne à l’adresse : www.wormwoman.com / acatalog / index.html
« Worm Digest » est une publication trimestrielle pour ceux qui s’intéressent à la lombriculture. Il comprend souvent des histoires sur l’utilisation du ver dans divers pays, ainsi que des nouvelles et des livraisons dans ce domaine. Contacter « Worm Digest » ,1455 East 185th St, Cleveland OH 44110 USA pour s’abonner. Leur site est : www.wormdigest.org/
La lombriculture à ECHO
Comme conséquence de notre constat de l’accent mis sur les vers et les succès avec ceux-ci à Rancho Ebenezer et ailleurs, nous avons maintenant plusieurs systèmes de lombriculture en place à ECHO. Dans la zone de forêt tropicale de la ferme d’expérimentation de ECHO, nous exposons un lit surélevé de vers ayant un système d’écoulement. La matière organique et les vers sont placés à l’intérieur de la zone d’alimentation élevée par des poteaux en bois et maintenus en place par un grand grillage à mailles ou un tissu de matériel métallique. Comme les vers se déplacent vers le haut pour se nourrir de nouveaux ravitaillements en matières organiques, leurs déjections sont laissées en-dessous. Une barre est utilisée pour racler la face inférieure du grillage à mailles, ce qui fait tomber les déjections à travers les trous sur une surface de collecte en-dessous. Le grillage peut tomber si la matière organique au-dessus est trop épaisse ou si les déjections ne sont pas recueillies de façon régulière.
Nous élevons également des vers sous nos cages à lapin.Comme les lapins sont nourris avec divers légumes-feuilles, des morceaux de feuilles et de tiges tombent par le fond grillagé des cages. L’engrais vert et le fumier de lapin sont traités par les vers qui prospèrent en-dessous.Dans la zone des basses terres de la ferme il y a trois lits de lombriculture en béton construits de manière similaire aux bacs utilisés à Rancho Ebenezer.Ils ont des parois latérales et une base en béton, et sont légèrement en pente pour le drainage. Le socle en béton exclut les racines des arbres des bacs. Les liquides d’excès (par exemple, les précipitations) coulent du bac à travers un tuyau en PVC et entrent dans un pot de récupération placé dans un baril qui est enfoui dans le sol (Figure 3). Le baril permet d’éviter que le sol environnant ne s’écroule et ne couvre le pot. Périodiquement, quand il est plein de lixiviat de lombricompost utile, le pot doit être vidé pour éviter que le baril ne déborde. Le chaume de palmeprotège les vers contre la lumière directe du soleil. Une structure d’ombre sur les bacs accomplirait la même chose et réduirait la probabilité d’inondations pendant la saison des pluies. Pour séparer les vers des déjections, des légumes ou des matières premières à base de fumier peuvent être appliqués par étapes, en commençant par l’une des extrémités du bac, encourageant ainsi le mouvement des vers en direction de la matière fraîche, et laissant les déjections exploitables au fond du récipient où les vers étaient nourris au départ.
Danny Blank, en se basant sur son expérience avec la lombriculture à la ferme de ECHO, a écrit :
Mes dernières pensées sur les vers ... ils sont parfaits pour traiter les déchets organiques qui sont déjà nutritifs (par exemple, le fumier), humides (par exemple, les déchets de cuisine), et en particules de petite taille (par exemple, encore une fois les déchets de cuisine, le fumier). Je pense que les vers rouges du fumier sont formidables pour être ajoutés au tas de fumier stocké. J’ai vu de dures bouses de vache de pâturage transformées en un beau sol mou avec de l’humidité et des vers (et probablement des millions de microbes) en quelques mois seulement. Nous utilisons également à profit le papier de bureau déchiqueté de ECHO en le répartissant sur la couche mince de déchets de cuisine qu’on a ajouté tout récemment, pour éviter que le lit de vers ne devienne trop humide et n’attire les mouches et les organismes anaérobies. L’utilisation du papier de cette façon est une autre grande application pour la lombriculture où l’on a un produit de déchet spécifique qui est particulièrement humide, comme les peaux et la pulpe de grains de café.
Cependant, les résultats de trois expériences à ECHO utilisant le lombricompost comme engrais naturel ont été décevants. Nous avons fait deux expériences utilisant le lombricompost avec des tomates, et une avec le maïs. Tout indique que lorsque le lombricompost était la seule source supplémentaire de fertilité, il n’y avait pas assez de fertilité pour produire des plantes saines et commercialisables (du moins avec les montants que nous avons utilisés et avec nos conditions de sol à ECHO [Ed : il est à noter que le sol de ECHO est extrêmement sableux.]).
Je suis toujours optimiste sur l’utilisation du lombricompost, mais dans des applications plus limitées, telles que son incorporation dans des mélanges de terreaux, ou son ajout à un trou de transplantation comme amendement au sol avant de planter un légume. Dans les deux cas, nous pourrions l’utiliser comme un pourcentage d’un mélange, avec du fumier (par exemple, 10% de lombricompost et 90% de fumier de vache) ou du terreau (la plupart des sources indiquent que 10% à 20% du mélange total doit être en lombricompost).
Quelques notions de base sur le vermicompostage
Une grande partie des informations présentée ci-dessous est une adaptation faite à partir du site web de City Farmer, www.cityfarmer.org/wormcomp61.html
Les bacs
Les bacs peuvent être faits à partir d’une variété de matériaux, y compris du ciment, du bois, du plastique (gardez à l’esprit que le bois isole mieux que le plastique) et même de vieux pneus. Selon l’espace disponible et le but du système, plusieurs petits bacs ou un seul de grande taille peut être utilisé. Percez 8-12 trous dans le fond pour l’aération et le drainage. Les trous devraient être de 0,6-1,2 cm de diamètre. Si on élève le bac sur des briques ou des blocs, cela permet d’avoir de la place pour mettre un récipient en dessous pour recueillir le liquide. Le liquide qui s’écoule de votre bac à compost peut être utilisé comme engrais pour les plantes. Les bacs auront besoin d’une couverture pour créer de l’obscurité et préserver l’humidité. Il peut également être nécessaire d’incorporer une sorte d’anti-fourmi (par exemple, du goudron sur les stands, ou mettre les briques dans des plats d’eau pour dissuader les insectes rampants).
La litière
Les matières qu’on donne en nourriture aux vers sont généralement enfouies dans une sorte de litière dans laquelle les vers vivent. Beaucoup de choses peuvent être utilisés pour la litière : du papier journal et du carton déchiquetés, des feuilles, de la paille hachée ou des plantes mortes, de la sciure de bois, du compost, et des algues. L’utilisation d’une variété de matériels pour la litière fournit plus d’éléments nutritifs pour les vers. Humidifier le matériel de litière avant de l’ajouter dans le bac. Lors de l’établissement du premier système, remplir le bac au 3/4, et soulever une partie de la litière pour créer des espaces d’air. Ajouter quelques poignées de sable ou de terre comme le grès, pour aider les vers à digérer les aliments.
Les vers
Les gros vers de terre vivant dans le sol ont nécessairement besoin du sol pour survivre, et donc ne sont pas adaptés pour le lombricompostage. Ceux qui sont le plus souvent utilisés sont les vers rouges, Eisenia foetida (ver rouge) et Lumbricus rubellus. Vous pouvez obtenir des vers d’un tas de fumier ou d’un bac à compost, ou vous pouvez les acheter. [Ed : Il faut savoir que si vous achetez des vers, ils peuvent ne pas être adaptés à votre climat ou à votre localité. Il est préférable de trouver une source de vers localement, ce qui contribue également à éviter de traiter les questions d’importation des vers de terre.] Vous aurez besoin de 2 kg de vers de terre (environ 2000) pour 1 kg de déchets alimentaires par jour. Si vous commencez avec moins de vers, ajoutez moins de déchets alimentaires au départ et multiplier vos propres vers pour soutenir un lombricompostage accru.
Ce qu’il faut faire
Vous pouvez composter de petits morceaux de nourriture tels les fruits et légumes, les coquilles d’œufs broyés, de sachets de thé, et du marc de café. Le fumier peut aussi être utilisé. Ne pas ajouter de la viande, les produits laitiers, les aliments ou les grains huileux, car ils peuvent conduire à des odeurs, des mouches et des rongeurs. Eviter également les pelures d’agrumes, les ananas, les tomates et autres aliments acides, car ils peuvent rendre la litière acide et donc intolérable pour les vers. Le site de City Farmer suggère qu’on enfouisse les déchets alimentaires lors de leur ajout dans le bac. Toutefois, Rick Burnette a déclaré que les agriculteurs de vers en Thaïlande préfèrent placer les restes de nourriture au-dessus du lit, étant donné que l’enfouissement trop profond de la matière fraîche peut provoquer un échauffement (de l’effet de compostage) qui pourrait nuire aux vers. Garder les bacs à des endroits où les températures varient entre 4 º C et 27 º C et hors de la forte chaleur et d’une grosse pluie.
Ajouter régulièrement de la nourriture et / ou du fumier. Après environ 2 mois et demi, la litière aura probablement disparu ou presque. A ce moment vous pouvez séparer les vers du compost en déplaçant le compost fini d’un côté et ajouter de nouveaux aliments et de la litière de l’autre côté, et en amenant les vers à se déplacer progressivement vers la nouvelle matière. Vous pouvez également vider tout le contenu du bac sur une feuille de plastique, le placer en plein soleil et séparer les vers manuellement en faisant des monticules et en forçant les vers à se rassembler dans le centre des monticules où il fait frais et humide. Garder l’œil sur les petits cocons de vers en forme de citron.
Couvrir légèrement la surface du compost dans le bac pour minimiser les odeurs nauséabondes, ce qui peut se produire s’il n’y a pas assez d’espaces d’air en-dessous (dans ce cas, il faut ajouter moins de nourriture et remuer doucement le contenu pour mélanger plus d’air). Percer davantage de trous si le bac est trop humide. Si les mouches des fruits sont un problème, enfouir les déchets alimentaires et ne pas trop en ajouter à la fois. Les fourmis peuvent également être un problème. Cependant les agriculteurs locaux aux vers, encouragent souvent la biodiversité d’insectes, y compris divers types d’asticots et les vers blancs qui aident à décomposer la matière. Les larves de ces insectes peuvent être récoltées et données aux poulets, aux poissons, aux ouaouarons, etc. Un membre du personnel de ECHO garde ses déchets de cuisine dans un grand pot de plant. Il constate que si les conditions sont maintenues particulièrement humides et denses, les larves d’une grosse mouche noire (qui n’est pas un insecte nuisible pour l’homme) se développent sur la couche supérieure et peuvent briser même des objets épais comme les tiges de brocoli en quelques jours. Les petits vers de terre rouges s’épanouissent à environ un pouce en-dessous de la larve.
Resources
Worms Eat My Garbage, by Mary Appelhof. 1997. Flower Press, Flowerfield Enterprises, LLC. Kalamazoo, Michigan, USA. 163 pp.
Earthworm Breeding for Profit, by David Lambert. 1983. Weston and Co., Kiama, Australia. 33 pp.
The Worm Book, by Loren Nancarrow and Janet Hogan Taylor. 1998. Ten Speed Press, Berkley, California, USA. 150 pp.
Raising Earthworms for Profit, by Earl B. Shields. 1959, 1975. Shields Publications, Box 472, Elgin, Illinois, USA. 127 pp.
Income and Other Benefits from Using Worms to Make Compost, by Dawn Berkelaar. In ECHO Development Notes, Issue 104, 2009. ECHO, 17391 Durrance Rd., North Fort Myers, USA.
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Yarger, L. 2010. Vermiculture Basics & Vermicompost.ECHO Technical Noteno. 66.